Toujours une chevelure brune foncée bien coiffée et courte. Il prenait soin de son apparence et ses yeux marron éclataient la joie de vivre. Il avait toute sa vie devant lui et c’est ce qu’il le forçait à maintenir une image parfaite du jeune homme. Il le devait même en vue de son boulot. Chaque soir, il avait une chemise et des pantalons propres, sans parler des chaussures noires –même si elles n’étaient pas de marque de renom–. C’était un américain comme les autres, sans de signes distinctifs.

Rien n’a changé. Peut-être seulement ses traits de visage ayant pris de l’âge, mais ça… il n’y pouvait rien. Même après sa transformation, il continuait de vieillir. Par contre, il ne transforma guère son apparence. La seule chose de remarquable est que parfois, il se laisse allongé les cheveux, venant recouvrir ses oreilles. Mais ce n’est jamais bien long qu’il prenne rendez-vous chez le coiffeur pour revenir à la normale.
Si vous êtes mal chanceux, peut-être allez-vous apercevoir des iris vert émeraude?

Discret, timide et introverti, Octave n’était jamais au centre de l’attention. Il se sentait même souvent mal à l’aise lorsque les gens le remarquaient trop. Il n’était pas le jeune homme fait pour être mis sous les projecteurs. Même si son métier de barman pouvait laisser croire le contraire…! Certes, il ne détestait pas le fait que de jeunes femmes le dévorent de leur joli regard de prédatrice, mais il n’avait pas besoin de plus. Il ne comprenait pas non plus comment les célébrités pouvaient vivre dans ce monde et voir sa vie privée s’envoler. Pour lui, vivre sa vie dans son coin et être heureux comme ça était bien plus que suffisant.

Une grande colère gronde en lui. Une colère noire qui le ronge de l’intérieur. Depuis qu’il a été plongé dans le monde obscur, il y a cette émotion qui reste perpétuellement à l’intérieur de lui. Cette même émotion qu’il tente bien que mal de toujours garder en lui. Ce n’est que durant les nuits qu’il ne parvient pas à conserver cette colère… Chose dont il souhaite pouvoir contrôler dans un avenir proche.
C’est aussi dans ce monde avec des créatures de toutes sortes qu’Octave a commencé à changer sa vision du monde. Il n’est plus un mundane pur et naïf du monde. Il voit maintenant toute la cruauté crue que la vie offrait. Il ne peut quasi aucunement le supporter… Il veut absolument que les choses changent! Peu importe les moyens employés pour y arriver.
Lui qui était si gentil et si doux… le voilà qu’il n’aura aucune rancune ni gêne de blesser l’autrui.

Né à New York, Octave a toujours grandi dans cette fabuleuse ville connue mondialement! Une énorme municipalité où on pourrait bien avoir l’impression d’étouffer si nous ne sommes point habitués à être tassés comme des sardines. C’était une ville bien énergique et dont ça grouille de monde à toute heure de la journée et même la nuit. Enfant unique, Octave est issu d’une famille aisée. Ce n’était pas n’importe qui qui pouvait se permettre de vivre dans une cité comme celle-ci. Il y avait beaucoup de millionnaires, même si ça n’allait pas jusque-là pour la famille Manning.

Éducation parfaite, Octave a pu avoir le plaisir de fréquenter des écoles privées tout au long de sa scolarité. Même si celle-ci fut écourtée, il ne regrettait pas le choix de ses parents ne l’avoir envoyé dans ces établissements. C’était quelque chose de parfait pour lui. Il n’avait pas à se cacher dans les toilettes à l’heure du repas ou même dans les pauses. En vue de son tempérament de dominé, il aurait pu facilement être victime d’intimidation à son jeune âge. Mais dans les instituts de la haute société, c’était plus difficile pour les racailles de faire la loi. Il y en avait certes, mais Octave avait toujours été en mesure de s’en sauver.

Mais il y eut un point tournant dans sa vie. Du moins le tout premier…
Il avait des cours à l’université ainsi qu’un travail à temps partiel comme barman dans un bar pas très loin de chez lui. Il avait bien économisé pour se louer un appartement jeune puisqu’il ne voulait pas rester éternellement chez ses parents. La relation familiale n’étant pas très positive dans tous les cas. Beaucoup d’interactions quant aux choix d’étude d’Octave. Ses parents souhaitaient qu’il devienne avocat ou encore médecin, mais pour le jeune homme, cela ne l’intéressait pas du tout. Il aspirait plutôt dans un milieu artistique. Milieu aussi très inquiet et que tout peut arriver. Mais peu importe, les rêves de ses parents et de lui-même allaient s’envoler.

Durant une nuit, il était sur le chemin de retour à partir de son travail. Comme à son habitude, Octave empruntait un petit raccourci même si la route était moins sécuritaire que les grandes artères de la ville. Cette fois, un homme vint l’interrompre dans son chemin. Il tenait des propos incompréhensibles pour le jeune homme. Tout ce qu’Octave a réussi à déchiffrer était une phrase comme de quoi l’inconnu souhaitait qu’il lui rende des comptes. Et encore là, le barman n’était pas convaincu de la véracité de tout ça. Voulant rentrer chez lui sans plus s’attarder, il vint pour passer à côté de l’individu, mais à ce moment même, il sentit une douleur vive à son bras gauche. Inquiet, il posa ses yeux bruns et vint son T-shirt en lambeau… et du sang couler le long de sa chair.

N’ayant aucun moment de réaction. L’inconnu s’empressa de l’agripper tout en continuant de marmonner. Pris de panique, Octave eut un blanc de mémoire des événements qui ont suivis. Comme si un trou noir s’était formé dans sa mémoire. Tout ce dont il se souvient était que l’homme l’avait emmené dans un endroit isolé et qu’il barabuinait une histoire digne d’un film de science-fiction. Il lui disait qu’il allait fort probablement se transformer en loup, du moins une chance sur deux. Octave ne voulait tout simplement pas y croire. Pour lui c’était qu’une grosse mauvaise blague de mauvais goût et tout ce qu’il désirait étaient d’aller au plus vite dans un hôpital pour se faire soigner.

De la malchance pour Octave? Certainement! Durant cette même nuit qui était une nuit de pleine lune, le jeune barman hurla de douleurs même si cela ne semblait pas assez bien refléter ce qu’il ressentait réellement dans chaque partie de son corps. Tout lui faisait mal. Il sentait qu’il n’y avait plus rien en lui qui s’apparentait à un être humain. Et c’est ce qui lui arrivait alors qu’il se transformait en bête prédatrice. Si au moins tout ça n’était qu’un mauvais rêve. C’était ce qu’Octave tentait de se répéter sans cesse depuis cette nuit. Il n’acceptait en aucun cas cette transformation et le fait qu’il pouvait faire une croix sur sa vie d’avant… Tout était terminé, comme si Octave Manning venait de rendre l’âme.

Cela prit quelques années avant d’admettre ce qu’il était devenu… Du moins, il ne l’avait jamais à cent pour cent accepté… Il restait une part de lui qui voulait continuer de croire qu’il était qu’un mundane, même si ce n’était qu’inconsciemment. Son créateur restait toujours près de lui. Il continuait à le guider. Il l’avait fait rentrer dans sa meute même si Octave ne se sentait jamais réellement supporté. Mais il avait commencé à prendre conscience de ce que ça impliquait d’être un loup-garou, mais surtout le code relié à cette race. C’est aussi à tout cela qu’une colère –au départ minime- se créa en lui. Celle-ci prit davantage de place dans son cœur jusqu’à ce que ça l’envahisse au grand complet. Mais cette colère, il n’en avait pas tout à fait le contrôle. C’est aussi à cause de ça qu’il fut mis hors de la meute… C’est aussi à cet événement qu’Octave commençait à en vouloir à ce monde obscur dont les règles lui semblaient injustes! Que ceux n’aient pas été naturellement dans ce monde dès leur naissance était laissé à eux-mêmes.

C’est aussi là que le deuxième grand tournant de sa vie arriva…
Il fut la rencontre d’un dénommé Richards. Celui-ci l’accueillit. Octave voyait en lui comme un second père, puisque son créateur, jamais il ne l’avait considéré comme tel. Il était la cause de sa descente aux enfers. De fil en aiguille –sans même trop chercher à comprendre non plus– Octave rejoignait la secte Discensio. Il partageait déjà une bonne partie des idéologies de ce groupe. Il lui semblait simplement naturel d’aller vers eux. C’était bien la première fois qu’il se sentait à sa place dans ce monde… Il ignorait ce qui était attendu de lui, mais voilà. Tout ça en gardant son emploi et en n’éveillant aucun soupçon.